Mon premier est un préfixe indiquant la notion de taille, mon deuxième est un matériau omniprésent, mon tout est un scandale écologique. Je suis, je suis , je suis…? LE MICROPLASTIQUE !
Nous aimerions conclure qu’il ne s’agit que d’une médiocre charade, mais elle a le mérite de décrire une triste réalité, un problème environnemental colossal, bien plus difficile à résoudre a priori que la plus complexe des devinettes à tiroirs.
Nous savions déjà que le plastique mettait des centaines d’années à se dégrader dans la nature, mais nous n’avions peut-être pas imaginé qu’en bien moins de temps, il se décomposerait en microplastiques hautement nocifs.
La taille des microplastiques est comprise entre 5 millimètres et quelques centaines de nanomètres. Ça vous parle ? En clair, c’est jusqu’à 70 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu. Ils sont retrouvés partout dans l’environnement : l’air, les habitations, les cours d’eau, la terre mais aussi les océans. L’ensemble des espèces vivantes, des plus petites comme le zooplancton, aux plus grandes comme les baleines, sont susceptibles de les ingérer.
Sournois, le plastique se glisse désormais jusque dans nos pénis. Nous voilà bien avancé ! Et ce n’est pas parce qu’on a suivi sa trace qu’on sait pour autant l’éliminer…
Le plastique ce n’est pas si fantastique, mais malgré les dégâts qu’il cause, il a toujours ses fanatiques. Pour quelles raisons ? Parce qu’il est très bon marché, transposable pour beaucoup d’usages. Et aussi par habitude et négligence.
Quels objets autour de vous ne contiennent pas du tout de plastique ? Très peu en définitive, car le plastique est partout. Pourquoi un tel plébiscite pour cette matière toxique ?
Bien avant l’éveil des consciences sur ses conséquences, sa conception a outrance s’est développée pour plusieurs raisons clés. Et depuis cette prise de conscience, son usage ne diminue pas, bien au contraire !
Il est bon marché
Voilà certainement la clé de lecture principale pour expliquer le succès industriel du plastique : il ne coûte pas cher à produire. Et dans la logique commerciale donc, il rapporte gros !
Il prend la forme de votre choix et il est résistant
Le plastique est polymorphe, il se présente sous une infinité de formes et d’état. En ajoutant des additifs divers et variés aux polymères, le plastique se fait tantôt souple, tantôt rigide, voir même résistant au feu.
On a bien compris en quoi le plastique est idéal. Mais en quoi est-il toxique ?
Saviez-vous qu’il faut près de 2 kg de pétrole brut pour produire 1 kg de bouteilles en plastique ?
Et l’immense majorité de nos plastiques sont issus de ressources fossiles (pétrole et gaz naturel) dont l’extraction implique la libération de gaz à effet de serre, en plus de la raréfaction desdites ressources. Voilà pour sa production, mais le pire est à venir. Où termine t-il après sa surconsommation, et son usage souvent éphémère ? Dans la nature !
Dans le monde, l’équivalent d’un camion poubelle de plastiques par minute se retrouve dans l’océan.
Et par quel malheureux hasard ? Par négligence, charrié par le vent jusque dans les rivières ou via les eaux usées. Ça pour une honte, c’est une honte !
« Pas vu, pas pris ! » C’est à ce petit jeu que des générations de pollueurs plus ou moins décomplexés se sont livrés. Pour quel résultat ?
Aujourd’hui, c’est vrai, le plastique n’est pas toujours vu, mais ses effets ont un prix.
La pollution plastique ne se limite pas au plastique que l’on voit sur les plages, au bord des routes ou dans les décharges à ciel ouvert, non. Les fragments de plastiques invisibles à l’oeil nu - lesdits microplastiques - sont dans l’air, dans les sols et dans les océans, y compris dans les zones les plus profondes.
Quelles conséquences sur l’homme et sur la biodiversité ? Des conséquences fâcheuses, bien-entendu.
« Je ne crois que ce que je vois » diraient les adeptes de St Thomas. Pourtant, du plastique invisible à l’oeil nu, hier emballage d’une denrée périssable peut-être, se retrouve malencontreusement, et en quantité plus que significative, dans l’organisme d’un être vivant.
Rien de miraculeux, mais vraiment flippant !
Dans l’environnement, les additifs qui composent le plastique sont une source potentielle de contamination chimique. Les plastiques sont des radeaux sur lesquelles se fixent des bactéries susceptibles de causer une contamination biologique. La faune et la flore aquatiques sont les premières impactées. Suivent les produits de la pêche et l’eau de consommation, et au bout de la chaîne, ceux qui les consomment : nous !
C'est là que le bât blesse. On ne compte plus les études qui font état de la présence des microplastiques dans le corps humain.
On s'est sans doute surpris, il y a quelques années de lire qu'un être humain ingérerait près de cinq grammes de plastique chaque semaine, soit l'équivalent d'une carte de crédit.
Mais désormais on entend parler plus précisément de sa présence dans les tissus humains, dans le pénis, dans le cerveau, entre autres. Et là ça devient beaucoup plus préoccupant.
L'interrogation porte désormais sur leurs effets. Autrement dit, la présence de microplastiques dans le corps humain, de façon toujours plus significative entraîne-t-elle des conséquences fâcheuses sur la fertilité, des dérèglements sur le fonctionnement de certains organes, l'accélération de symptômes d'Alzheimer et de maladies dégénératives ?
Nocifs, ils le sont, autant qu'ils sont invasifs ! La question porte simplement sur l'ampleur de leur toxicité.
La facilité avec laquelle les nanoplastiques pénètrent dans notre système sanguin et nos tissus est déconcertante, mais elle est la conséquence de leur présence massive dans l'air que nous respirons et dans les produits que nous consommons.
Des études aprofondies sont en cours pour comprendre plus pleinement le niveau d'exposition de l'Homme aux microplastiques, leur présence dans les aliments et leur impact sur la santé humaine selon leur nature notamment.
Modestement, nous n'allons pas devancer les résultats de ces études, mais au nom du bon sens et du principe de précaution, on prendrait bien, à titre personnel, toutes les dispositions utiles pour éviter - autant que faire se peut - l'exposition aux microplastiques.
Comme on ne peut pas aller jusqu'à arrêter de respirer, on va opter pour des mesures moins radicales, mais néanmoins profitables et impactantes au niveau individuel et collectif.
Quand on parle d’urgence écologique ou de pollution environnementale, on entend qu’il faut changer de paradigme, changer de modèle. Et c’est vrai !
Bien évidemment, c’est bien plus facile à dire qu’à faire, car nous sommes prisonniers de nos habitudes, de nos préférences même. Et par dessus tout, nous doutons parfois de l’impact de nos actions isolées sur une problématique aussi globale et complexe que les microplastiques.
Et pourtant, des alternatives pertinentes existent. Ces initiatives individuelles ont un impact fondamental et indéniable. Citons-en quelques-unes à la volée :
Après avoir trouvé son équilibre avec ses produits favoris et quand on adore les sensations de sa routine beauté, ce n’est pas toujours facile de changer de cap. Mais le jeu en vaut la chandelle !
Depuis des années, les initiatives fleurissent pour remplacer les produits cosmétiques suremballés ou conditionnés dans des contenants en plastique tels que les gels douche, shampoings et autres déodorants.
Une large gamme de savons solides, shampoings solides, démaquillants solides et même crèmes solides ont vu le jour. Il s'agit souvent de produits artisanaux, locaux, voire écocertifiés.
Certes, ce ne sont pas exactement les mêmes sensations. C’est normal, et c’est même rassurant puisqu'ils sont exempts de multiples ingrédients controversés et autres conservateurs. Mais en plus d'être très qualitatifs, ces produits du quotidien réduisent considérablement le volume de déchets d’emballage et de déchets plastiques dans nos salles de bains, et la maison en général.
Les produits cosmétiques ne sont pas les seuls à s'adapter aux exigences du consommateur tout en répondant aux impératifs écologiques. C'est aussi le cas des accessoires. Et dans ce domaine également, les artisans et créateurs se montrent ingénieux. La marque ManaMani a mis au point un kit démaquillant breveté tout-en-un qui préserve les sensations du coton démaquillant jetable, de la douceur à la routine d'usage, mais sans plastique et sans déchets. Assez bluffant !
Dans le même ordre d'idées se développent des alternatives lavables pour l'essuie-tout, les lingettes bébé et beaucoup d'autres usages à la maison comme en déplacement.
Vous n'êtes pas adepte du déodorant solide ? Soit ! Mais personne n'est obligé d'adopter d'un seul coup toutes les routines zéro-déchet sans plastique.
L'essentiel est de ne pas considérer ces alternatives uniquement sous le prisme de la contrainte. Commencez par un produit que vous pourrez substituer facilement. Vous pourriez rapidement vous laissez prendre au jeu en constatant l'efficacité des produits sans plastique et leur impact écologique et économique positif.
Laissons un moment de côté la toxicité et la dangerosité des produits ménagers conventionnels pour n’aborder que le désastre qu’ils génèrent en terme de microplastiques.
Pourquoi les produits d’entretien conventionnels ont-ils un impact écologique préoccupant ?
D’abord, il y a un produit pour chaque usage. Evidemment, on multiplie les flacons : lessive, assouplissant, nettoyant wc, nettoyant faïence, détartrant etc, et c’est autant de contenants en plastique qui partiront au rebut.
Et puis, il y a les formats problématiques et éphémères comme les lingettes, ou les toxiques friands de plastique tels que les blocs WC.
A la maison, il est temps d'opter pour des alternatives efficaces, polyvalentes et écologiques comme la pierre d’argile, par exemple.
Oublions les parfums de synthèses et les promesses marketing de brillance absolue et durable et pensons à la planète et au bien-être.
Les nettoyants universels naturels ne manquent pas et s’utilisent du sol au plafond, de la cuisine au barbecue de jardin en passant par la salle de bains.
Citons parmi les options, le vinaigre ménager, le bicarbonate de soude, le percarbonate, le citron, le savon noir ou la pierre d'argile blanche. Et si le coeur vous en dit, pourquoi ne pas fabriquer vos produits vous-même tout en passant à l'entretien écologique ?
Cela pourrait sembler une évidence !
Pourtant, en France, en 2024 il semble que la vente de bouteilles d'eau en plastique ait encore de beaux jours devant elle.
Mais comment est-ce possible me direz-vous ? Avec toute la pédagogie ces dernières années et la prise de conscience de l'impact environnemental catastrophique des bouteilles en plastique, pourquoi bigre ne sommes-nous pas tous définitivement passés à l'eau du robinet ?
Et quand on y ajoute le transport par camion de toutes ces bouteilles, qui émet des gaz à effet de serre, le bilan est vraiment accablant.
Sommes-nous devenus addict à l'eau de source ou à l'eau minérale ?
Le tableau n'est pas si sombre, car de nombreuses familles se sont équipées de gourdes en matériaux responsables et éduquent leur progéniture à ces nouvelles habitudes durables.
Alors, qu’est-ce qui nous retient de passer à l'eau du robinet ? D’où viennent nos réticences ? On s’est peut-être laissé inconsciemment porter par la publicité autour des eaux en bouteille. Un autre frein est celui du « goût » de l’eau du robinet que l’on trouve parfois étrange, désagréable.
Des solutions écoresponsables existent
Pour dynamiser l’eau du robinet et éviter le goût désagréable de l’eau, il suffit d'y glisser quelques perles de céramique. C’est une solution durable, éprouvée, et très facile à mettre en oeuvre. Elle est aussi économique car ces perles de céramique se conservent plus de dix ans. Avez-vous déjà testé ? Le résultat est assez impressionnant, et elles s'adaptent à d'autres usages. Vous voulez en savoir plus sur les perles de céramique ? C'est ici !
Rappelons que nous ne bénéficions pas tous de la même eau du robinet, selon nos régions voire nos quartiers, avec une dureté et une technique de traitement qui peuvent varier.
Malgré la surveillance stricte de la qualité de l'eau du robinet et les analyses régulières, certains craignent la présence de substances médicamenteuses ou d'une quelconque contamination.
Pour ceux qui jugent bon de filtrer l’eau du robinet, le charbon actif binchotan est certainement la solution idoine et zéro déchet.
Et pour être exhaustif et honnête, l'eau en bouteille n’échappe pas non plus aux scandales. C'est le moins que l'on puisse dire !
L’argument massue : le prix !
Derrière l’aberration écologique de l’eau en bouteille se cache une aberration économique qui motive sans aucun doute à changer d’avis.
Saviez-vous que le prix du litre moyen de l'eau du robinet, est de 0,003 €, soit à peine 2 € par an, contre 0,20 € pour l'eau de source et 0,40 € pour l'eau minérale, soit respectivement 110 € à 220 € par an ? (pour une consommation de 1,5 litre d’eau par jour).
Voilà sans doute une bonne raison de tourner définitivement le dos aux bouteilles d'eau en plastique !
Le saviez-vous ? Le lavage des vêtements synthétiques contribue au relargage de 500 000 tonnes de microfibres par an dans l’océan, soit l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique.
Une donnée qui fait froid dans le dos.
Mais comment est-ce possible ?
En moyenne, un lave-linge rempli de synthétiques rejette 10 000 fibres de microplastiques par litre. S’il consomme 50 litres, c’est 500 000 particules envoyées en station d’épuration à chaque lavage.
Quelles initiatives s’offrent à nous au niveau individuel ?
Il semble évident de se tourner davantage vers des vêtements en matières naturelles, telles que la laine, le lin, le coton ou le chanvre.
Cela signifie préférer la mode écoresponsable plutôt que de céder aux sirènes de la fast fashion et des prix imbattables de type Shein, Temu etc., marques friandes de fibres synthétiques et qui produisent à outrance. Regardez bien les étiquettes, elles indiquent souvent un pourcentage très élevé de polyester, nylon, élasthanne ou acrylique, matériaux bon marché obtenus par des procédés chimiques.
Seuls 80 à 98% des microplastiques sont éliminés en station d’épuration selon la technologie utilisée. Si une partie des microplastiques se libère dans l’air, des quantités astronomiques rejoignent les eaux usées. Selon un expert, à l’entrée des stations d’épuration, on dénombre entre une centaine et quelques milliers de microfibres de plus de 10 micromètres dans chaque litre d’eau, dont 90% sont des microplastiques.
Bien entendu, on croit toujours avoir la parade…mais non, il ne faut pas simplement compter sur les stations d’épuration.
Evidemment quand on parle matières synthétiques, nous pensons à nos vêtements. Mais pas seulement ! Que dire des accessoires lavables du quotidien ?
Pour les accessoires des tissus plus responsables, plus naturels tels que le lin, le coton ou le chanvre.
Mais aussi en utilisant des accessoires plus naturels au quotidien. Au lieu de préférez une éponge 100% synthétique sous prétexte qu’elle dure un an, qui va relarguer des quantités effarantes de microplastiques durant cette même année, pourquoi ne pas opter pour une éponge vaisselle en luffa ? C’est 100% naturel et sans aucun microplastique. Côté higiène, c'est le top car elle sèche hyper rapidement ce qui évite le développement rapide des bactèries - qui adorent l'humidité - et elle passe au lave-linge à 60° C. voire même au lave-vaisselle, en plus de durer très longtemps.
L'intérêt d'utiliser une éponge dite "durable" composée de microfibres de polyester, de mousse de polyuréthane et de polyamide, on en parle ? Évidemment, bombardés que nous sommes par la communication, on veut croire au côté durable des produits de marques en vogue. Et même des organismes que l'on penserait sérieux comme l'UFC Que Choisir se permettent des comparatifs produits qui omettent le critère écologique pour ériger sur le podium un produit 100% synthétique aux effets durablement désastreux. Triste ! Triste et triste ! Pourtant on retrouve sur la même plateforme des explications plus que détaillées sur la catastrophe provoquée par les microplastiques. La déception n'en est que plus grande....
Allez, lâchons les préjugés sur le vrac d’entrée : bobo, ridicule, contraignant, cher. Qui dit mieux ?
Ne vous fiez pas aux rumeurs sur l’achat en vrac, et ne restez surtout pas au chaud dans vos habitudes. Le vrac, c’est bien plus qu’une tendance ! Son impact sur les déchets plastique est colossal ! Pourquoi ?
Le plastique d’emballage constitue une part majeure de la production mondiale de plastique. De plus, il est souvent léger et volatil. Par conséquent, c’est lui que l’on retrouve le plus dans la nature, dans les décharges, dans les rivières, les fleuves et les océans. Il est également très peu recyclé ou incinéré. La preuve, 59% des déchets retrouvés dans les océans par les scientifiques sont des déchets plastiques d’emballages.
L'achat en vrac est un excellent moyen d'agir de façon responsable, sans attendre la loi et les dispositions règlementaires. Prenez les devants, achetez vos produits du quotidien sans emballage, avec vos propres contenants durables ou votre sac à vrac.
Ne vous laissez pas polluer par la flemme ! Prenez le chemin de l’épicerie vrac pour acheter les justes quantités, sans marketing intempestif ni emballages éphémères et nocifs…
Vous avez pris de bonnes résolutions, de bonnes habitudes écoresponsables ? Vous êtes en route vers une transition zéro déchet ? C’est excellent !
Mais votre passage aux cosmétiques solides ou à l’essuie-tout lavable sera encore plus impactant s’il n’est pas gâché par des réflexes aberrants.
A savoir : 1 seul masque chirurgical abandonné peut relâcher jusqu'à 173 000 microplastiques après seulement une semaine en mer. Effrayant !
Ne nous y trompons pas, les bonnes initiatives sont nombreuses, mais la contamination est tristement colossale. De ce fait, les initiatives louables de ramassage de déchet sur les plages, cotoient l’abandon massif de bouées, accessoires plastiques, emballages, mégots et autres déchets.
On ne fera pas ici la liste des incivilités, mais penser à bien trier et à ne rien laisser dans la nature en termes de déchets serait une belle avancée.
Cette statistique effarante, rapelle à juste titre que la négligence coûte cher. Qui, durant la pandémie de Covid et bien après, n’a jamais vu un masque en bord de route, dans l’eau, sur une plage ? Un moyen de protection devient une arme de destruction : paradoxal, non?
A chaque problème sa solution. Et en matière de pollution plastique, on invoque bien souvent le recyclage. Une solution qui, a minima, nous donne bonne conscience.
Mais derrière le concept qui parait attrayant et pertinent se cache une réalité affligeante.
En effet, moins d’’un tiers des déchets plastiques sont aujourd’hui recyclés en France.
Comment est-ce possible ? A votre avis, que deviennent les autres ? Ils sont incinérés ou éparpillés dans la nature.
Le recyclage implique un tri rigoureux. Les mentalités ont bien évolué, de même que les systèmes de collectes de déchets plastiques. Néanmoins, on reste loin du compte. Là encore, la négligence et les mauvaises habitudes tenaces ont leur mot à dire.
Bien que des dispositifs de tri existent désormais de plus en plus dans l’espace public, nous trions bien plus rigoureusement les déchets plastiques dans les foyers où au moins l’un des membres de famille est sensible à la dimension écologique.
A l'heure du bilan, il faut également évoquer le sentiment d'impunité de tous ceux qui, par flemme ou pour s'épargner les coûts du recyclage, y préfèrent les décharges sauvages.
Par conséquent, opter pour le plastique en invoquant le tri et le recyclage est une excuse irrecevable.
Non pas que le recyclage soit une pure illusion, mais si l'on regarde rapidement en termes de proportion le delta entre la production de plastique et son recyclage, il est impossible de nier que son impact est tout bonnement dérisoire.
On a compris que le recyclage avait ses limites, mais l’industriel du plastique a plus d’un tour dans son sac. Il pourrait bien rassurer le consommateur avec l’emballage plastique « compostable ».
C’est vrai que ça sonne bien et qu’on est tenté de faire confiance. Il y a comme un petit goût d’écoresposabilité la-dedans et ça s’inscrit dans une tendance progressiste.
On pense peut-être même à notre petit dispositif de jardin, voir même d’appartement ou de terrasse. Notre bokashi ou notre lombricomposteur.
Rien à voir pourtant ! Ne comptez pas davantage sur le plastique composté pour fertiliser votre terre et embellir vos plantes, il n’a pas du tout cette corde à son arc, contrairement aux biodéchets.
Non, le plastique compostable ne se dégrade pas écologiquement dans la nature, mais seulement dans des conditions très spécifiques en milieux industriel, selon des normes précises.
Les ressorts sont donc les mêmes que le recyclage : une collecte rigoureuse, et des coûts importants. Faut-il préciser, dès lors, que le plastique compostable se heurte aux même obstacles ? La confusion en plus ! Les éléments estampillés « compostable » qui sont abandonnés dans la nature en bord de route, sur les plages et ailleurs ne feront donc qu’augmenter la prolifération des microplastiques dans l’écosystème.
Un plastique reste un plastique. Il n’est jamais anodin, qu’il soit recyclable, biosourcé, compostable ou recyclable. Ne relâchons donc jamais la vigilance, qu’elle que soit la stratégie du fabricant de plastique pour nous convaincre qu’il est potentiellement respectueux de l’environnement.
On ajoute de la confusion à la confusion en utilisant habilement un vocabulaire propre au champ lexical de l'écologie. Le coup de communication est ingénieux, l'impact écologique désastreux. A chaque problème sa demi-solution, à chaque demi solution son quart d’exécution, et à chaque bilan décevant l’émergence d’une nouvelle approche.
Globalement, le plastique on a bien compris ce que c’est. On s’y perd certainement quand il s’agit de différencier sa nature, entre polyamide, polystyrène, polypropylène, ou polyéthylène, si l’on est pas expert.
On n’y voit certainement pas beaucoup plus clair quand il s’agit de comprendre la différence entre un plastique biodégradable, compostable, biosourcé, ou recyclable.
Oui, le plastique biosourcé peut être composé en partie d’hydrocarbures, en plus de polymères issus de la biomasse. En revanche, il n’est pas forcément compostable. L’inverse est vrai d’ailleurs.
Toutes ces notions ouvrent la porte à beaucoup de confusion. Elles recouvrent des concepts différents et pas nécessairement complémentaires. Pourtant il manque vraisemblablement un peu de pédagogie, ou tout au moins, le marketing des fabricants de plastique est nettement plus audible que les démarches visant à sensibiliser les consciences à l’impact écologique du plastique.
Quoi qu'il en soit, recyclage, plastiques compostables et station d’épuration ont montré leur efficacité, mais surtout leurs limites face à l’ampleur des dégâts environnementaux causés par les microplastiques.
Et la loi dans tout ça ?
Quand on pense loi et plastique, on fait forcément le lien avec la loi AGEC, ou loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire. Elle procède par étapes et pose les jalons de la supression des emballages plastiques à usage unique à l'horizon 2040. Pardon, vous avez dit quelle date ? Oui, oui 2040 ! La loi fait beaucoup, certes, mais elle ne fait pas tout, loin de là.
Contrairement à la loi, les problématiques et la pollution plastique, elles en revanche, n'attendent ni proposition, ni promulgation, ni décrets d'application, ni mesures contraignantes visant leur application, avant de faire sentir leurs effets.
Va t-on continuer de sacrifier santé et environnement sur l’hôtel de l’habitude, du confort et de la négligence ? La diligence prendra t-elle le pas sur l'indolence ? L'avenir le dira.
La lutte contre les microplastiques est nécessairement l’affaire de tous, et donc, de chacun. Leur prolifération est en effet due à notre consommation frénétique de plastique. Il est heureusement possible de la réduire par un changement d’habitudes au quotidien.
L’impact de ces petits gestes du quotidien nous parait peut-être infime, aussi infime qu’un nanoplastique dans les tissus du pénis, dans le sang ou le cerveau. L’impact de la négligence, lui, n’est plus à démontrer…
Les sceptiques, les friands de plastique et les nonchalants argueront qu’il ne faut pas voir le mal partout ! Le mal, probablement non, mais le plastique, désormais…définitivement !
Sources
Microplastiques dans le pénis
Codrington, J., Varnum, A.A., Hildebrandt, L. et al. Detection of microplastics in the human penis. Int J Impot Res (2024). https://doi.org/10.1038/s41443-024-00930-6
Ademe
UFC Que Choisir
MICROPLASTIQUES : LE PRIX DE LA NÉGLIGENCE !